Jessica BOUBETRA
HAPTICS
9 décembre 2021 - 9 janvier 2022
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« Haptics », première exposition de l’artiste Jessica Boubetra à la galerie Lefebvre et Fils, s’inspire du procédé permettant aux surfaces non réactives, telles que les écrans tactiles, d’émuler des sensations en utilisant des objets réels par des vibrations ou des faisceaux d’ultrasons, et ainsi simuler la sensation de toucher. "Haptics" est un ensemble de colonnes en céramique : une recherche sculpturale où se rejoignent la céramique et la réalité virtuelle autour de formes végétales.
Jessica Boubetra est une lectrice assidue de science-fiction. Lumierrante, une des villas imaginées dans le livre "Neuromancien" par l'écrivain cyberpunk William Gibson, a été une source d’inspiration forte pour l’artiste. Elle représente un lieu fictif, une résidence mystérieuse située dans le dernier secteur d’une station spatiale orbitale - un hybride entre un Las Vegas cosmique, un port franc et un lieu de vacances rassemblant des systèmes biologiques entièrement nouveaux, hanté par une intelligence artificielle - un code conscient qui se bat pour obtenir une identité personnelle.
« Haptics » est donc une fantaisie imaginaire qui pose les bases du futur de la céramique. « Dans toutes mes pièces, il y a de la science-fiction. Énormément d'ouvrages m'ont inspiré de William Gibbons à Frank Herbert. Ils parlent tous deux de l’évolution de l'homme, une évolution physique dans « Dune » de Frank Herbert, nanotechnologique chez William Gibson où le corps mute et devient quelque chose d'autre grâce à la technologie. »
Utilisant l’impression 3D, l’artiste a créé une forêt de colonnes végétales en céramique, Plantasia inspiré du titre d'un album de musique électronique de Mort Garson, Mother Earth’s Plantasia – conçu pour être écouté par des plantes. Jessica Boubetra s’est servie de l'algorithme pour créer ces formes grâce à des échantillons de plantes. Un travail de biomimétisme informatique généré par une AI observatrice qui transforme les éléments dans le virtuel afin de créer de nouveaux mondes. Grâce à l’AI, Boubetra mime la nature par le mouvement, puis les imprime dans la réalité utilisant la céramique comme matériau.
"Dans la céramique, il y a le côté malléable qui permet de modeler n'importe quelle forme, qui couplée à l’impression 3D ouvre à un nouveau répertoire géométrique. Grâce aux émaux et à la diversité de leurs couleurs et de leurs matières minérales, je crée une résonance avec le monde végétal. Les plantes me permettent d'avoir un travail de recherche et d'observation pure. Trouver des teintes précises, ou les feuilles ne sont pas forcément vertes.»
Jessica Boubetra donne des noms tirés de livres de science fiction à ses émaux pour ainsi se repérer dans ses teintes. Elle passe des heures dans son atelier entouré de ses échantillons de couleurs : une multitude de mondes qui se superposent et coexistent. L’artiste utilise la couleur et le processus de l’émaillage afin de créer par bio-inspiration de nouveaux systèmes dans le réel puis dans le virtuel.
Pour l’exposition "Haptics", Jessica Boubetra a également mis en place un dispositif permettant une simulation numérique d'un environnement par la machine. Des carreaux de céramiques imprimés de formes organiques sont disposés sur les murs de la galerie. Une nature imaginée par l’artiste dont chaque carrelet de porcelaine porte un nom tiré des « Formes artistiques de la Nature » d’Ernst Haeckel, illustrant la beauté du monde biologique. Des microcosmes imaginaires inspirés par des micro-organismes existants qui apparaissent uniquement si l’on scanne l’image avec son téléphone ou une tablette.
Du mythe de la Cabane à la notion d’une nature artificielle, nous pourrions imaginer dans plusieurs siècles et grâce au travail aujourd’hui de Jessica Boubetra, l’avenir de la céramique. Nous serions capables de reproduire toutes sortes de couvertes et de glaçures, à partir de fragments d’époques ou de directives précises. Les institutions historiques pourraient alors recréer des objets anciens dont les traces ont été perdues. Chaque personne pourrait à l’aide de mini BFBT reproduire un objet de son choix à partir d’une unité mémorielle standard et leurs souvenirs seraient ainsi conservés au sein des «Cartographies Mémorielles ».