Brieuc MAIRE
DESIRE PATH
23 novembre 2023 - 14 janvier 2024
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La Galerie Lefebvre et Fils est heureuse de présenter, en collaboration avec HATCH, pour la première fois une exposition personnelle de l’artiste français Brieuc Maire avec une nouvelle série de peintures et céramiques réalisées lors de la résidence de l’artiste à Versailles et dans son studio en 2023.
«Cette résidence a été l’occasion d’apprendre la technique de la céramique et de faire dialoguer l’espace représenté en peinture avec l’espace physique des sculptures. S’il s’agissait d’abord de donner forme à des objets issus de mes peintures ou croquis, certaines céramiques ont également été à l’origine de nouvelles peintures.
Desire Path signifie «ligne de désir»,c’est un sentier qui se dessine et se forme en dehors des chemins balisés par les passages répétés des piétons, des cyclistes ou des animaux. Dans une interprétation fictive, on pourrait dire que ce chemin est un accès et un symbole vers un autre lieu, celui où germent les patates.
Cette exposition invite à concevoir un lieu non localisé, qu’on pourrait assimiler à une arcadie : à la fois fait d’éléments réels et reconnaissables, d’une nature luxuriante mais qui porte en germes le déclin du mythe et de l’idéal. Les corps humains se (con)fondent et deviennent illisibles, s’ils sont bien présents dans ces paysages, leur présence devient gênante, tandis qu’à l’inverse, l’attention portée aux formes tantôt grotesques, tantôt poétiques du végétal s’affirme aussi bien dans l’expressivité d’un portrait inhabituel, que dans l’étrangeté d’un détail en gros plan.»
Brieuc MAIRE, novembre 2023
Diplômé des Beaux-Arts de Paris, la pratique de Brieuc Maire se caractérise par une recherche axée sur la polysémie, tant des propriétés des matériaux utilisés à travers divers médiums dont la peinture demeure néanmoins privilégiée, que des scènes imaginées et dépeintes. A la manière d’un théâtre d’objets, physiques ou figurés, il compose des situations en quête de sens et dont l’équilibre final révèle tout autant l’équivocité que l’artificialité (des interactions comme des procédés techniques de la peinture). Il s’agit bien souvent de devoir creuser une signification qui, par principe, échappe à l’immédiateté du coup d’œil. C’est en ce sens un travail qui demande au spectateur de se situer : trouver la bonne distance avec la toile en découvrant qu’un détail est toujours à même de contredire le précédent, et accepter que les sentiments éprouvés et parfois ambigus viennent pallier la neutralité affective des présences humaines, sinon de leur substitution par des animaux ou des objets, burlesques ou incongrus. Au-delà des paradoxes, des ambivalences, des contre-sens voire des non-sens, on retrouve en dernière instance l’idée de l’obscène. Toujours liée au théâtre cette notion, chère à l’artiste, nous invite à observer ces œuvres sous un angle déplacé, au-devant ou en dehors du conformisme de la scène en tant que lieu évident de la représentation. Le plaisir de l’obscène s’ouvre alors à ce qu’il contient d’indécent dans l’exhibition décomplexée de fantasmes et de fantaisies qui redéployent une scène parallèle où l’inquiétante étrangeté du réel refoule autant qu’elle fascine.
Desire Path, première exposition personnelle de l’artiste, doit se lire dans la continuité de ce regard qui se porte dans les recoins excentriques (au sens propre d’un éloignement du centre) d’un réel rendu curieux, qui s’observe à la lumière artificielle plus que naturelle. Le titre en lui-même désigne les sentiers qui se forment spontanément en dehors des chemins balisés par le passage répété des usagers. A l’image des paysages et des formes de la nature que l’on retrouve dans les toiles, la conception de la nature s’affirme dans une domestication humaine : ni totalement sauvage ni totalement artificielle, elle serait plutôt terre agricole, friche ou prairie.
L’exposition nous mène à concevoir un lieu non localisé que l’on pourrait assimiler à une arcadie. Entre le territoire réel et l’utopie mythologique, l’arcadie est une terre fantasmée, rassurante pour son abondance sans pour autant être hospitalière. Le monde qui se dessine en creux des peintures et des céramiques (technique par ailleurs découverte par l’artiste à l’occasion de sa résidence et de cette exposition) semble pris d’une nostalgie sans horizon temporel, hésitant à se prendre au sérieux ou à se tourner en dérision. Les corps humains se (con)fondent et deviennent illisibles, s’ils sont bien présents dans ces paysages, leur présence devient gênante. Pendant ce temps, les formes tantôt grotesques tantôt poétiques du végétal s’affirment aussi bien dans l’expressivité d’un portrait inhabituel que dans l’étrangeté d’un détail en gros plan qui porterait en germe le déclin du mythe et de l’idéal.
Maki Cappe