Beverly Semmes

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Handle

19 octobre - 19 décembre 2015

Dès la fin des années 80, après ses études, Beverly Semmes se tourne vers la sculpture, et en particulier vers l’argile. Mais son travail se diversifie rapidement et s’ouvre à de nombreux matériaux : textile, dessin, peinture, verre et vidéo. Depuis toujours, elle aime mêler diverses techniques renvoyant à des influences perçues comme contradictoires : la gestuelle expressionniste, le minimalisme, la mode, réussissant ainsi à transmettre un discours polysémique, tout à la fois acide, violent et satirique.

La céramique, une des constantes de son travail, est le plus souvent intégrée dans ses grandes installations textiles initiées au début des années 1990.

Si ses céramiques rappellent l’art brut, ses peintures, quant à elles, renvoient aux photocollages et photomontages dadaïstes et surréalistes.

À partir de 2011, elle développe The Feminist Responsability Project ou FRP***. Celui-ci se matérialise au travers d’installations associant peintures, sculptures et vidéo. 

Présenté au Tang teaching Museum, au Weatherspoon Art Museum et à la Faulconer Gallery Grinner college, ce projet repose notamment sur une série d’images tirées de revues pornographiques US comme Hustler ou Penthouse, que l’artiste masque de peinture et d’encre, dissimulant ce qu’elles mettent en scène, tout en les laissant pleinement suggestives. Pour la première fois en France, la Galerie Lefebvre et Fils a présenté une sélection d’oeuvres issues de cette série, dévoilant ces éléments obscènes, désormais dissimulés au regard du visiteur placé l’espace d’un instant dans la peau d’un voyeur. Ces images s’apparentent à de nouvelles icônes subversives, dans une société toujours plus gourmande d’images d’objets facilement accessibles, ces femmes devenant le symbole de cette consommation de masse, à laquelle la sexualité n’échappe pas. 

Face à ces images, se dresse une robe sculpturale ; surdimensionnée, elle étale sa traine sur le sol.
A qui est-elle destinée ? Qui doit la porter ?
Une sculpture posée sur la robe parachève l’installation. Offrande à une quelconque déesse mère ou figure matriarcale tutélaire, elle regarde les femmes d’en face, qui, elles, restent nues sous leur couche de peinture.

Parachevant l’exposition, des sculptures en céramique et en cristal offrent leur rudesse et âpreté aux visiteurs. La trace de la main est visible, les points de préhension sont multiples. Ces sculptures sont faites pour être touchées, pour être enlevées.

La couture, les traces sur l’argile, la transformation des images... Beverly Semmes devient avec Handle une sorte de Dr Frankenstein, métamorphosant et totémisant l’image de la femme, à la fois mère, objet de désir et de fétichisme.

Handle veut dire « anse », mais s’agirait-il seulement d’attraper ? De saisir ? Saisir un objet, oui, mais aussi manipuler les esprits, et finalement prendre possession d’un corps.